La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition) (7 page)

BOOK: La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition)
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30 janvier
1933

Lucinda Mills, accepte d’être « sacrifiée » par son propre fils qui dirige une secte religieuse dans le Kentucky.

À
Tomahawk, non loin d’Inez, dans le comté de Martin (Kentucky), M
me
 Lucinda Mills, une femme de 75 ans, accepte de manière volontaire de se faire sacrifier par les membres d’une secte religieuse dirigée par son propre fils, John Mills, 36 ans. Cette « offrande » ou « holocauste » était destinée à entraîner « la mort du péché ». Pendant la semaine qui a précédé la cérémonie, les participants, tous membres de la famille, ont dansé et jeûné, avant que John Mills n’attache le corps enflammé de sa mère sur un autel en forme de croix.

 

Voici comment un quotidien français relate l’événement, en février 1933 :

« Il s’agissait de huit fanatiques, assassins de M
me
 Mills, arrêtés à Tomahawk, et qui étaient appelés à répondre de leurs actes.

Le principal coupable, John Mills, est le propre fils de la victime, âgée de 72 ans. Celle-ci se serait volontairement offerte en sacrifice pour obtenir la guérison de son autre fils, un aliéné.

 

John Mills, fondateur d’une secte, se cachait dans les montagnes sauvages du Kentucky, et prétendait recevoir “des messages célestes” qui lui étaient transmis dans une langue étrange, que
lui seul et ses fidèles pouvaient comprendre. C’est en ce langage qu’il reçut l’ordre d’étrangler sa mère, ce sacrifice devant symboliser “la mort du péché”.

 

Tandis que Mills procédait à l’exécution à l’aide d’une lourde chaîne, ses adeptes assistaient, immobiles, à cette scène épouvantable. Au cours du procès, ils déclarèrent qu’une “force mystérieuse” liait leurs membres, les privait du moindre mouvement.

 

M
me
 Mills elle-même ne chercha point à résister, répétant qu’elle était heureuse de mourir pour sauver son fils.

 

Tous les accusés sont liés par d’étroits liens de parenté, formant une sorte de clan farouche. Plusieurs femmes, dont Rhoda Mills, proche parente de la victime, ont apporté des révélations troublantes au cours du procès. »

 

D’après plusieurs témoignages, les membres de la secte étaient capables de changer l’eau en vin et de transformer des pieds de vigne en serpents. Le 12 avril 1933, John Mills est condamné à la réclusion à perpétuité.

31 janvier
1939

Naissance du killer, Jerome Brudos.

B
rudos photographie et tue des jeunes femmes dans sa cave, pendant que sa femme et ses enfants se trouvent dans la maison. Fétichiste de chaussures à talons hauts, il conserve également des morceaux de corps chez lui. Condamné à perpétuité en 1969, il décède d’un cancer du foie le 28 mars 2006.

1
.

Pour en savoir plus sur Albert DeSalvo, lire « L’étrangleur de Boston », dans mon ouvrage
Le Livre noir des serial killers
, éditions Points, 2010.

2
.

Vous pouvez lire une interview de Richard Chase dans mon ouvrage
Serial killers, Enquête mondiale sur les tueurs en série
, paru aux éditions Grasset, en 2014.

3
.

Robert K. Ressler,
Chasseurs de tueurs,
Presses de la Cité, 1993.

4
.

Pour en savoir plus sur cette affaire non résolue célèbre, vous pouvez lire mon ouvrage :
Qui a tué le Dahlia Noir ? L’énigme enfin résolue
, paru aux éditions Ring, en 2014.

FEVRIER
1
er
 février
1922

Assassinat du réalisateur hollywoodien William Desmond Taylor.

W
illiam Desmond Taylor est un des plus grands réalisateurs du cinéma muet, lorsqu’on le découvre assassiné, le 1
er
 février 1922, dans son bungalow d’Alvarado Street. Il a 54 ans et possède, soi-disant, un solide appétit sexuel ; en tant que réalisateur vedette de la Paramount, il dirige à de nombreuses reprises Mabel Normand, une star confirmée, ainsi qu’une prometteuse actrice de 20 ans, Mary Miles Minter.

 

Mabel Normand rend visite à Taylor le 1
er
 février, pour lui emprunter des livres. Elle décline une invitation à dîner et quitte les lieux à 19 heures 45. Le maître d’hôtel de Taylor est déjà parti en lui laissant un plateau-repas. Vers 20 heures 15, des voisins entendent ce qu’ils supposent être un bruit de tuyau d’échappement. On aperçoit un homme quitter la maison de Taylor. Quelque temps après, l’actrice Edna Purviance, voisine du réalisateur, frappe à sa porte, mais sans obtenir de réponse.

Le lendemain matin, Taylor est découvert mort, allongé sur le plancher de son salon, avec du sang qui coule de sa bouche. Un médecin appelé sur les lieux prononce hâtivement un décès dû à une hémorragie gastrique. Lorsque la nouvelle s’ébruite, d’innombrables amies, voisins et collègues se rendent dans le bungalow, moins pour se recueillir que pour y subtiliser des papiers ou des lettres compromettantes. Des indices importants disparaissent ainsi avant l’arrivée de la police qui constate l’assassinat de Taylor par deux balles de calibre.38. Une fouille des lieux permet de découvrir
des centaines de lettres d’amour, dont la plupart proviennent de Mabel Normand et d’une certaine M.M.M., identifiée comme étant Mary Miles Minter. L’enquête ne donne rien, mais ruine la carrière de Mabel Normand, qui meurt de tuberculose à 33 ans, Mary Minter prend sa retraite, le maître d’hôtel de Taylor devient fou.

 

En 1967, le réalisateur King Vidor, passionné par cette affaire, décide de mener sa propre enquête, en vue d’en faire un film. Entre-temps, il décède et son biographe, Sidney Kirkpatrick, rassemble les conclusions de Vidor qu’il publie en 1986 dans
A Cast of Killers
. Apparemment, Charlotte Shelby, la mère dominatrice de Mary Miles Minter, jalousait férocement le succès de sa fille. Elle était aussi tombée amoureuse de Taylor et tenta, à plusieurs reprises, d’empêcher sa fille de rencontrer le réalisateur, en l’enfermant à clé dans sa chambre. Mary Miles Minter parvint à s’enfuir le soir du 1
er
 février pour rejoindre le bungalow de Taylor. Charlotte Shelby la suivit, une arme à la main, et, devant sa fille, tua William Desmond Taylor.

2 février
2004

Le « corbeau » d’Umhausen annonce un massacre.

I
ls sont trois mille à vivre dans ce paisible village du Tyrol autrichien, Umhausen, non loin d’Innsbruck – là même où, en 1991, deux randonneurs trouvent « l’homme des glaces », baptisé Ötzi par les uns, Hibernatus par les autres : la momie d’un homme prisonnier des glaces depuis plus de 5 000 ans. Mais c’est une autre curiosité locale qui attire des équipes de télévision de nombreux pays, ainsi que des attroupements de curieux et un bataillon de gendarmes le 2 février 2004. Les villageois, eux, vivent dans l’angoisse depuis qu’une lettre anonyme a annoncé la mort, ce jour-là, de vingt-cinq personnes, dont chaque nom est cité – essentiellement des femmes et des enfants. Tout Umhausen est sur des charbons ardents, et la police prend la menace tellement au sérieux qu’elle place sous protection particulière les vingt-cinq
habitants directement menacés. Cette affaire de corbeau n’est pas nouvelle : elle dure depuis près de trois ans lorsque l’hécatombe du 2 février est annoncée.

Entre 2001 et 2002, des villageoises avaient déjà reçu vingt-huit lettres anonymes de menace. Durant cette période, le corbeau passa également bon nombre de coups de téléphone anonymes. Deux incendies inexpliqués avaient également éclaté dans le village. Une femme qui sortait ses poubelles avait été agressée par-derrière dans l’obscurité : on lui avait planté une aiguille à tricoter dans la cuisse. L’enquête policière piétinait ; le corbeau, que l’on supposait être un psychopathe, n’avait laissé aucune empreinte sur ses missives et les rondes de surveillance n’avaient jamais porté le moindre fruit. Le seul embryon d’élément dont on disposait était l’avis de l’expert graphologue auquel on avait fait appel : il jugeait qu’il s’agissait d’une écriture féminine. Les enquêteurs n’étaient guère avancés… Qu’allait-il advenir des gens d’Umhausen ce fameux 2 février 2004, date de la
Mariä Lichtmess
, la Chandeleur ? L’inconnu(e) passerait-il (elle) à l’acte, en dépit de l’importante et dissuasive surveillance policière ? Y avait-il un ou plusieurs corbeau(x) ? La tension était très vive.

En décembre 2003, quatre cartes de vœux retrouvées dans une voiture précisent que la série de meurtres commencerait par quatre femmes, nommément citées.

Mardi 3 février : le danger est passé. Aucune agression n’a été commise. Le corbeau a-t-il décidé de reporter l’exécution de ses menaces ? Ce n’est que le 11 février que le village peut de nouveau respirer, à l’annonce de l’identification du corbeau. Les enquêteurs ont réussi à mettre la main sur une femme de 41 ans, habitant à Umhausen, qui passe rapidement aux aveux. Un mandat d’arrêt est lancé contre elle, mais elle est laissée en liberté. Il s’agit d’une femme discrète, plutôt gentille avec les enfants. Sa maison est proche de celle du maire – qui, comble d’ironie, avait promis une récompense de 3 000 euros à toute personne fournissant un renseignement susceptible d’aboutir à l’arrestation de… sa voisine.

 

 

La motivation de cette dernière semble dérisoire à tous. Trois ans plus tôt, l’un de ses deux enfants adoptifs fit l’objet de moqueries
à l’école maternelle, de la part de l’un de ses camarades de classe. La femme essaya d’obtenir le changement de classe de ce dernier, en vain. Ses deux enfants se retrouvèrent à nouveau dans la même classe que lui à la rentrée 2003, et elle craint les mêmes désagréments. Elle fit même croire qu’un inconnu lui avait enfoncé une aiguille à tricoter dans la cuisse un soir, se faisant ainsi passer pour une des victimes du corbeau. Elle fut placée sous traitement médical à la suite de son interpellation et de ses aveux.

3 février
1891

Michel Eyraud est guillotiné place de la Roquette, à Paris, par le bourreau Louis Deibler, dans l’affaire dite de « la malle sanglante de Millery ».

L
e
XIX
e
et la première moitié du
XX
e
 siècle ont popularisé les malles comme le prétendu « moyen idéal » de se débarrasser d’un cadavre coupé en morceaux… Les bagages peuvent être ensuite déposés dans des consignes de gares, où leur puanteur finit immanquablement par attirer l’attention des employés du chemin de fer. D’innombrables récits fictifs, tels que
La Malle sanglante
de Maurice Level ou
La Dame de la malle
de Ray Bradbury, des pièces de théâtre du Grand Guignol ou des films (citons
La Corde
d’Alfred Hitchcock) ont contribué à perpétuer ce mythe.

 

Il nous a semblé intéressant de revenir sur certaines de ces affaires.

 

Le crime de Barré et Lebiez, qui épouvante les foules en 1878. La mère Gillet, vieille laitière du faubourg Saint-Martin, possède des économies et a consulté Barré, homme d’affaires véreux, sur leur placement. Celui-ci, flairant le magot, en parle à son ami Lebiez, étudiant en médecine, et tous deux combinent aussitôt l’assassinat de la laitière. Ils l’assomment dans sa chambre avec un marteau de zingueur et Lebiez, qui a apporté sa trousse, découpe la mère Gillet en menus morceaux qu’il enveloppe dans les jupons de la victime.
Puis les meurtriers enferment une partie de ces restes dans une malle pour l’expédier au Mans, en gare restante.

Ils se croient tellement à l’abri des recherches que Lebiez fait, peu de jours après, une conférence, salle d’Assas, dont le sujet est « La lutte pour la vie ». Pendant trois semaines, la malle reste en souffrance à la consigne de la gare du Mans. Enfin, l’odeur infecte qu’elle exhale la fait ouvrir et le parquet du Mans la renvoie à Paris d’où elle est venue.

 

M. Guillot, juge d’instruction chargé de l’affaire, demande aux médecins légistes de rapprocher les morceaux découpés de façon à restaurer le corps, qui est aussitôt exposé à la morgue, à côté du jupon rapiécé qui entoure les débris. Les visiteurs se succèdent par milliers. Un jour, une petite ouvrière s’écrie :

— Tiens ! Mais c’est le jupon de la mère Gillet ! C’est moi qui le lui ai raccommodé parce qu’elle n’y voyait plus pour coudre !

On court à l’adresse indiquée. La concierge ne se doute de rien. Elle ajoute cependant :

— M. Barré, un homme d’affaires, montait parfois chez elle, il vous renseignera peut-être. Il demeure rue Poliveau.

Le juge trouve facilement ce M. Barré et le convoque. Fixant Barré droit dans les yeux, il lui dit :

— C’est vous l’assassin ! Allez, suivez-moi à la morgue !

Barré se met à trembler de tous ses membres.

— Ne me confrontez pas avec elle, râle-t-il. Oui, c’est moi qui l’ai assommée, mais ce n’est pas moi le boucher, c’est Lebiez !

 

Une heure après, Lebiez est arrêté et avoue le dépeçage au bistouri de la veuve Gillet. On les laisse ensemble quelques instants, avant de les conduire à l’échafaud. Lebiez, hors de lui, insulte son complice :

— C’est de ta faute aussi, espèce de gourde !

— De ma faute ?

— Bien sûr ! Si tu n’avais pas endommagé le crâne de la vieille avec ton marteau, je l’aurais vendu 25 francs et on aurait eu assez d’argent pour envoyer le cadavre au bord de la mer. Alors, on l’aurait foutu à l’eau !

Où l’on voit que Lebiez éprouve beaucoup de remords… Lorsqu’il apparaît, le col échancré sur la place, quelqu’un hurle dans la foule :

— Bravo, Lebiez !

On arrête le manifestant. C’est l’imprimeur du condamné, celui qui a fourni la malle. Était-il complice ? On ne le sut jamais.

Le 7 septembre 1878, on les décapita l’un et l’autre place de la Roquette.

 

Avec l’assassinat de l’huissier Gouffé, nous arrivons à la plus célèbre affaire française de malle sanglante. C’est d’ailleurs uniquement l’envoi du cadavre de la victime par chemin de fer qui a donné au crime de Michel Eyraud et de Gabrielle Bompard un aussi durable retentissement, car le crime en lui-même est banal et bassement crapuleux.

 

Le 26 juillet 1889, l’huissier parisien Gouffé disparaît de son domicile. Le 13 août suivant, le cadavre d’un homme en pleine décomposition est trouvé sur le versant d’un glacis boisé de la commune de Millery, près de Lyon. Une petite clef est découverte sous le corps. Le 15 août, le hasard fait retrouver, à quelques kilomètres de là, dans des broussailles, les morceaux d’une grande
malle brisée. La clef découverte sous le cadavre s’adaptant parfaitement à la serrure de ce coffre, aucun doute n’est permis. La malle a servi à transporter l’inconnu.

L’enquête est longue et donne lieu à des luttes fratricides entre les services de police. Le 29 novembre, on acquiert la certitude que le macabre colis a été expédié de Paris, le 27 juillet, par un certain Eyraud. Le mois suivant, on trouve le vendeur de la malle : elle a été achetée chez un maroquinier de Londres, par une prostituée, Gabrielle Bompard, à la fois maîtresse d’Eyraud et de l’huissier Gouffé.

 

Gabrielle Bompard est retrouvée aux États-Unis ; Eyraud est arrêté, après une véritable chasse à l’homme, à Cuba. Les deux amants reconnaissent avoir assassiné Gouffé pour le dévaliser. Ils affichent, aux Assises, un cynisme écœurant. Bompard est emprisonnée et Eyraud guillotiné.

 

Enfin, le 18 avril 1899, les cheminots de garde à la consigne de la gare de l’Est sont alertés par le bruit et les gémissements qui s’échappent d’une haute malle d’osier, entreposée là depuis la veille. Les employés décident d’ouvrir le panier pour s’assurer de son contenu, pensant qu’il contient un animal domestique.

 

Au lieu du chien attendu, un homme défiguré et plein de sang se dresse en hurlant, tout droit sorti d’un conte d’Edgar Poe : Jean Delhumeau vient de ressusciter, après avoir passé trente heures dans une malle en osier.

 

Delhumeau est joueur. Il s’est marié avec une femme jalouse. Des scènes continuelles éclatent dans le ménage. Un soir, Delhumeau gifle sa femme ; celle-ci, s’emparant d’un tisonnier, se rue sur lui et réduit son visage en bouillie. Les blessures ne sont pas mortelles, mais, terrassé par la douleur, le pauvre diable s’évanouit. Croyant l’avoir tué, la meurtrière, terrifiée par les conséquences de son acte, enferme le corps encore chaud dans une malle d’osier, fait déposer le panier à la consigne de la gare de l’Est et prend le premier train pour Langres où réside sa famille.

 

C’est dans cette ville que Jean Delhumeau, le visage couvert de pansements, et accompagné par deux inspecteurs, réapparaît devant sa femme. Le retour du « mort » enlève toute raison à la meurtrière que l’on doit interner. Quant à Delhumeau, défiguré pour toujours, il préfère en finir et, cette fois, le revolver qu’il tourne contre sa tempe droite ne le manque pas.

 

Il y eut d’autres affaires de malles sanglantes en France, celle de Monte-Carlo en août 1907, à la gare de l’Est à nouveau, avec Soleillant en 1908, puis, en 1920, c’est la malle de M
me
 Bessarabo qui dégage une puanteur suspecte en gare de Nancy. En 1927, c’est un garçon de café découpé en morceaux et déposé, dans un panier, en gare de Bruxelles, par Dekeyser. En 1929, c’est le comptable Rigaudin que l’on découvre, découpé en petites rondelles, dans un panier en osier, en gare de Lille.

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